Place aux gens, aux projets et aux objets






Catherine Ferbos-Nakov
Commissaire d’exposition

Pour parler avec Mathilde Bretillot ou pour parler d’elle il faut avant tout savoir valser ou rebondir, une question, un mot, entraîne une autre question ou un autre mot, un éclat de rire ou une pirouette, non qu’elle évite le questionnement. Au contraire, il force l’ouverture, l’engrenage, absolument comme le travail de Mathilde dans son ensemble. Un objet mène à un projet qui lui,
mènera à un nouvel espace et à un autre objet et ainsi de suite.
Et tout ceci parce qu’elle sait à merveille écouter : son écoute engendre une réflexion qui mène ensuite à une autre question, c’est en fait aussi une réponse à la personne, à la situation,
au matériau : présence efficace et discrète pour la scénographie d’une exposition, retrouver les espaces d’une galerie et les ponctuer d’un escalier ou converser avec un artisan pour ses colliers, avec un verrier pour ses miroirs, chaque étape indispensable amène aussi une idée nouvelle qui conduira à un nouveau projet.

Ainsi, tels les ronds caractéristiques de ses objets, il faut considérer son travail comme un tout, comme un enchaînement, comme un engrenage, auxquels la parole comme l’écoute sont fondamentales.
Prenons son postulat premier : « un objet est objet de civilisation, il se situe entre deux personnes » et pour exemple un I-phone, symbole du design industriel d’aujourd’hui ou une chaise, fondamentale dans les relations de tous ordres. L’I-phone modifie à l’évidence les rapports par sa rapidité, son efficacité, la simplicité de son utilisation multiple, gageons, par exemple que les enfants de nos enfants qui l’auront toujours connu et utilisé vivront différemment. De même une chaise raide ou confortable, en bois en métal ou en plastique, blanche, noire ou colorée, reflet absolu de l’époque de sa création nous évoquera la marquise, Jacques Tati, Jasper Morrison ou Mathilde Bretillot et véhiculera toute l’histoire de l’époque de sa création. Et pourtant aussi de cette chaise naîtra l’idée de l’exposition : Juste une p’tite chaise présentation amusante des chaises de ses contemporains : le rire, les autres et la création, tout Mathilde Bretillot.

Catherine Ferbos-Nakov
Octobre 2009

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